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Hommage à Jean philippe-Rameau en 2014
Conférence - Les Maleteste, l’impulsion donnée à Rameau ?
Spectacle musical - Un Voyage en musique
Conférence - Approche sensorielle et progressive de l'oeuvre Rameau
Rencontre - Exposition d'Anita Matell
Conférence - Les femmes de l'époque de Rameau
Concert - Émilie du Chatelet en musique
Atelier art plastique d'Anita Matell
L'embarquement pour Cythère
Ateliers danse baroque d'Anita Matell
Le Corps Sonore
La Belle au bois dansant
Vernissage Exposition - Jardins d'Illusion
Concert - Les enfants de Rameau
Ballet - Jardins d'illusion
Journées du Patrimoine - Concerts
Journées du Patrimoine - Exposition - Les sculptures de Thérèse Blagny
Journées du Patrimoine - Spectacle - Une traversée imaginaire
Conférence et exposition - Marqueterie
Concert-Conférence Rameau et l’opéra
Conférence - Les Arts de la table à l’époque baroque
Conférence - L'influence de Rameau
Concert - Dans le sillage de Rameau
Concert - Opus Guitar
Conférence - Les femmes de l'époque de Rameau (bis)
Concert - Natasha Kudritskaya joue Rameau
D'une année à l'autre
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Concert

Samedi 8 mars à 20h30 à l'occasion de la Journée de la Femme

et Dimanche 9 mars à 18h

 « Émilie du Châtelet en musique »
 
Patricia Gonzalez, soprano
Michelle Tellier, flûtes à bec
Sophie Iwamura, violon baroque
Eric Tinkerhess, viole de gambe
Laure Vovard, clavecin 
 
Lettres d'Émilie du Châtelet et Voltaire lues par Monique Lannes, Marie-France Alleaume et Paul Blagny.

 Code couleur : Bleu Nattiez

Comment, dans le cadre d'une journée de la femme d'une année Rameau, ne pas donner une place privilégiée à Emilie du Châtelet, compagne de Voltaire, que Jean-Philippe Rameau ne peut avoir ignorée dans le contexte de sa relation tumultueuse avec Voltaire ?

Elle était scientifique avant tout, mais elle écoutait, jouait, interprétait...

Ce concert fera fleurir le jardin secret des passions musicales, qui l’habitaient tant qu’on la surnommait « La Belle Issé » – comme l’opéra éponyme de Destouches qu’elle aimait chanter. Imaginons-la se délassant de ses intenses travaux mathématiques et scientifiques, et interprétant (avec un talent de déchiffrage hors pair, inimaginable même aujourd’hui dans des cercles intellectuels ou scientifiques) les airs de ce programme signés Destouches, ici contrastés avec des œuvres instrumentales de Rameau, Forqueray et Marais.

 

 « Jugez-moi pour mes mérites ou mes défauts, mais ne me considérez pas comme l’appendice de tel grand général ou tel intellectuel réputé…Je suis de mon plein droit une personne entière, seule responsable de moi-même, pour tout ce que je suis, tout ce que je dis, tout ce que je fais. »

Émilie du Châtelet à Frédéric II de Prusse

 

Longtemps la marquise du Châtelet (1706-1749) ne dut sa célébrité qu’à Voltaire, dont elle fut la compagne pendant une quinzaine d’années. Subjugué par sa personnalité et ses talents, il lui rendit hommage bouleversant lors de son décès en couches (1749) : « Je n’ai pas perdu une maîtresse, mais la moitié de moi-même. Un esprit pour lequel le mien semblait avoir été fait. » 

Un tel éloge ne pouvait que susciter l’envie aujourd’hui de mieux connaître cette personnalité féminine, libre et entière, qui vécut au temps de Rameau, lui si curieusement misogyne vers la fin de sa vie malgré la splendeur sensuelle de sa musique.

C’est au XXe siècle, avec l’intérêt fructueux porté à l’histoire des femmes, que l’on redécouvre la modernité et l’originalité du caractère d’Émilie du Châtelet, ainsi que ses qualités d’intellectuelle exceptionnelle, autant femme de science et de philosophie que chanteuse passionnée de théâtre et de musique. Nous nous sentons proches d’elle, « ancêtre des filles de notre temps, ambitieuses pour elles-mêmes et avides d’autonomie » comme le dit si bien sa biographe éclairée, Élisabeth Badinter.

Une éducation hors du commun, dans le respect familial des activités de l’esprit, nous la rend plus emblématique encore, ainsi que sa féminité affichée, son goût pour la parure et les plaisirs, sa liberté de parole, son tempérament ouvertement passionné : contrairement à nombre de moralistes, elle estime que l’on « n’est heureux que par des goûts et des passions satisfaites…Ce serait donc des passions qu’il faudrait demander à Dieu, si on osait lui demander quelque chose. » Ce même appétit de vivre ne nous habite-t-il pas au XXIe siècle, tout proche du « flow » étudié par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, ou de l’épanouissement de motivation préconisé par Abraham Maslow ?

 

Émilie aime les jeux (et les feux) de la scène : comme nous aimerions participer avec elle à ces pièces de théâtre, ces opéras, dont les invités de son château de Cirey disaient, épuisés : 

« Nous jouons aujourd’hui l’Enfant Prodigue et une autre pièce en 3 actes dont il faut faire les répétitions. Nous avons répété Zaïre jusqu’à 3h du matin ; nous la jouons demain avec la Sérénade. Il faut se friser, s’ajuster, entendre chanter un opéra…Nous avons compté hier au soir que dans les 24 heures, nous avons tant répété que joué 33 actes, tant tragédie, opéra que comédie. »

Madame de Graffigny, 9 février 1739

(La même année que le voyage en Italie du Dijonnais Charles de Brosses…)

 

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